Le titre semble un peu fantaisiste, mais je dois en donner le crédit à mon grand ami Paul Houde qui avait lui-même passé par là en 2010 en subissant un quintuple pontage cooronarien à l'hôpital Sacré-Coeur à Montréal.
Bon revenons à nos moutons avec mon propre petit coeur.
Mes premiers gros symptômes ont débuté le soir le la dernière éclipse totale de Lune de septembre 2015 alors que la totalité venait de commencer je commençai à ressentir une légère douleur à la poitrine et à suer abondamment.
Ne prenant pas panique je décide de m'étendre sachant très bien que des passages nuageux m'empêchaient de toute manière d'observer et photographier l'éclipse. Cela me fit du bien et je pus m'endormir par la suite.
C'est le lendemain soir que je me rendis compte que les choses ne s'amélioraient pas et que je décidai de me rendre par mes propres moyens à l'hôpital Pierre-Boucher situé à 1 km de chez-moi tout en ayant soin d'amener avec moi mes médicaments et des vêtements de rechange car j'étais à peu près certain que l'on me garderait.
Effectivement cela n'a pas traîné quand j'ai donné mes sysmpômes aux gens du triage. Je fus soumis à une batterie de tests incluant un test à l'effort et une prise de sang. Le verdict est rapidement tombé. Je venais de faire un léger infractus et on devait déterminer par une coronographie dans quel état étaient mes artères coronaires.
Je savais à quoi m'en tenir ayant déjà passé par là en 2000 ayant subi la pose d'un stent à ce même hôpital. J'avais eu l'impression d'être plongé dans un bain d'eau chaude quand l'iode me fut injecté. Cette fois-ci j'avais plus l'impression que la même eau chaude me sortait par les oreilles. Le médecin me dit que mon état ne me permettait pas de recevoir de nouveaux stents car j'avais 3 blocages et que seuls des pontages allaient me guérir.
Laissez-moi vous dire que je ne riais pas et je j'étais totalement paniqué. Me basant sur l'état dans lequel mon ami Paul Houde se trouvait après son quintuple pontage je m'imaginais souffrir comme un cancéreux en phase terminale quand je m'éveillerai après cette opération. Je m'imaginais être comme ce mec dans la chanson ''Tassez-vous de là" des Colocs
La dernière fois que j'y ai parlé
Son cœur était mal amanché
Sa tête était dans un étau y'était pas beau
Y avait d'la coke dans 'es yeux
Y avait d'l'héro dans l'sang
Y avait tout son corps qu penchait par en avant
Y avait envie d'vomir
Y avait envie d'mourir
Qu'est-ce qu'on fait dans ce temps là
Moi j'avais l'goût d'm'enfuir
J'étais tellement au désespoir durant cette attente qu'il a fallu que l'on me donne du Xanax pour me calmer et le personnel très dévoué m'a envoyé un préposé en aide morale avec qui j'ai parlé une bonne heure de mes angoisses. Il a fini par me rassurer en me disant que j'étais dans une situation que je ne pouvais pas contrôler et que je devais m'en remettre à la compétence des médecins de l'
Institut de Cardiologie de Montréal.
Je me suis fait une raison dans les derniers jours précédant cette opération prévue pour le 13 octobre 2015. Un des médecins en service m'a rassuré en me disant que j'étais un excellent candidat pour ce type d'intervention. Le transfert s'effectua la veille et on
me dit sur place que c'était tolérance zéro en ce qui a trait aux douleurs post opératoires et qu'aucun patient n'avaient souffert comme
des cancéreux en phase terminale comme je pouvais l'apréhender.
Plus tard en soirée mon chirurgien, Yoan Lamarche, est venu me voir. Je lui dit :
''Ah c'est vous qui allez m'ouvrir comme un homard des Îles pour me faire un nouveau échangeur Turcot''
Ce à quoi il répondit :
''Ouais mais cela sera moins long à faire que Turcot''
Je lui dit que je m'en remettais totalement à lui, car je n'étais plus dans une situation que je pouvais contrôler. En boutade je lui demandai depuis combien de temps il pratiquait son métier. Après qu'il m'ait répondu qu'il faisait cela depuis 30 ans je luis dit qu'il devait être compétent si l'ICM l'avait gardé aussi longtemps.
Aussi surprenant que cela puisse paraître je passai une très bonne nuit et c'est vers 11:00 du matin que l'on m'a amené vers la salle d'opération. Chemin faisant un employé m'a dit ''Bonne chance !!'' ce à quoi je répondis du tac au tac ''Dites ça au médecin et pas à moi'' ce qui fit rigoler ladite personne.
Je me rappelle très bien mon entrée au bloc opératoire et mon transfert sur la table avec la vue imprenable sur la grosse lampe. Je n'entendais pas un bruit et pas une âme à côté de moi. Je décidai de m'assoupir en attendant l'arrivée du personnel puis blackout total..
Que s'est-il donc passé ? Comment je fus aneshtésié par le Dr. André Denault ? Cela ne s'est pas du tout passé comme dans les vidéos sur You Tube. Peut-être ais-je eu un traitement spécial pour un mec aussi spécial que moi. Je me souviens d'avoir dormi et rêvé que je naviguais sur des cartes géographiques et que je ressentais une sorte de pincement à toutes les fois que je pointais une grosse ville.
Quand je me suis réveillé je me suis bien rendu compte que je n'étais plus au même endroit car je ne voyais plus cette énorme lampe surplombant la table d'opération mais un magnifique plafond blanc. Je ne voyais pas du tout embrouillé comme on le voit dans les films où un personnage se réveille après une opération.
Cela ne faisait pas 15 secondes que j'étais réveillé qu'un préposé aux soins intensifs me dit :
Monsieur Arpin, votre opération s'est très bien déroulée
Ce à quoi je répondis avec une voix très rauque
Youppee !!!
Ce qui fit éclater de rire les préposés se trouvant dans la salle de réveil.

Je ne m'étais pas rendu compte que j'étais intubé dans la gorge et à peu près par tous les orifices inimaginables. Je le réalisé amplement quand on m'enleva progressivement tous ces tubes et cathéthers, et je notai que, sans doute à cause de l'effet des nombreuses drogues injectées durant cette opération, que je voyais comme les contours de charactères ASCII, de lettres grecs, cyrilliques et hiéroglyphes quand je regardais une surface claire (image à gauche prise à la station de métro Berri-UQAM). Je n'avais pratiquement pas mal et je répondis 1.5 /10 à l'infirmier qui me demandais à quel point j'avais mal.
À vrai dire la seule sensation un peu désagréable était de me sentir comme un saucisson ou un roti de viande ficelé, sensation causée sans doute par ces fils de broche utilisés pour referner le sternum.
À défaut de voir ma propre opération vous pouvez visionner ce vidéo sur You Tube qui vous donnera une très bonne idée par quoi je suis passé. L'expression ''ouvert comme un homard des îles'' y prend tout son sens.
Mon frère me fit remarquer quelques temps après l'opération que j'étais blanc comme un drap quand il vint me visiter quelques heures après mon réveil. Qui ne serait pas blanc comme un drap après avoir subi un tel traitement à son organisme ?
Cela ne faisait pas encore 24 hrs après cette opération que l'on me fit assoir dans le fauteuil de ma chambre tout en prenant les précautions d'usage. Sans être dans une condition physique d'un marathonien (je cherchais mon air quand je parlais un peu vite), j'étais surpris de ne pas me sentir plus mal que cela pour une personne ayant subi une si grosse opération. J'avais à ma disposition
du Dilaudid pour me soulager des éventuelles douleurs, mais je n'ai pesé que 3 fois sur le petit bouton vert bien plus pour l'essayer que pour soulager une forte douleur. J'ai déjà eu des rages de dents où je n'aurais pas détesté recevoir de cette substance.
Cela s'est gâché par la suite avec l'apparition d'un violent délirium qui allait durer 5 longues journées et donner des cheveux gris à tous le personnel de l'ICM. Je m'attendais plutôt à subir des épisodes de dépression post opératoire me référant sur les expériences d'anciens patients. Le pire est que je fus conscient de tout ce qui s'est passé et que je pourrais décrire comme faire un cauchemard les yeux grands ouverts. Sans l'ombre d'un doute ce fut l'expérience la plus effrayante de toute ma vie, et il gagne la médaille d'or des évennements marquants de ma vie. L'argent revient à ce séjour de 5 mois au Collège Militaire de St-Jean et le bronze à ma non intervention en voyant un collègue de voyage forcé d'ingurgiter 2 bouteilles de vin en l'espace de 5 minutes lors d'un voyage en France en 72.
Sans rentrer dans les détails car certains ne sont pas racontables tellement je fis une Michèle Richard de ma personne, je pourrais résumer ces 5 jours d'enfer en quelques éléments :
- J'entendais des voix qui disaient que l'on m'avait ouvert et refermé immédiatement parce qu'un cancer rongeait mes poumons. J'en avais pour 2 à 3 mois à vivre et que l'on devait me trouver une maison de soins palliatifs.
- Ma soeur s'était séparé de son conjoint mais faisait semblant d'être avec lui quand elle venait me visiter. Elle sortait avec un médecin de l'ICM qui la comblait de nombreux cadeaux dont un cheval en Floride.
- J'entendais le personnel communiquer en chantant ou se parlant en vers. Je croyais qu'ils étaient membres de la chorale de l'ICM et qu'ils prtatiquaient tout en travaillant.
- Je croyais que certaines des infirmières étaient en réalité des escortes sensées soulager mon stress post-opératoire.
- On avait installé une puce GPS dans mon lit et cette puce monitorait tous mes gestes. J'entendais une couple de personnes décrire ces gestes tant et si bien que ne ne pouvais pas dormir.
- Il y avait des gens qui filmaient mes gestes pour un documentaire sur les derniers instants d'une personne à l'article de la mort. J'entendais le bruit de la prise de vue en rafale au plus fort de ma crise. De plus je croyais qu'il y avait 10,000 personnes en face de l'ICM poursuivre en direct l'évolution de mon état de santé.
Ce délirum était compliqué par mon isolement dans ma chambre verrouillée. En effet je n'avais pas le droit d'en sortir car j'étais porteur de bactéries résistantes aux antibiotiques. J'ai cru voir le temps d'un instant quand la porte était entrouverte qu'il y avait 2 infirmiers au physique de lutteurs prêts à intervenir si je n'étais pas sage. En fin de compte mon délirum prit fin quand on acceptat de me poser une sonde urinaire, car il faut dire que cette opération eut comme effet de bloquer l'urêtre et que je du subir une résection de la prostate 5 mois après mes pontages.
Je du retourner à Pierre-Boucher après une couple de jours de convalescence chez mon frère car je me plaignais de spasmes à la poitrine. J'y ai passé une semaine afin de contrôler le problème d'hypotension orthostatique causé par toute cette médication que je pris durant tout ce séjour à l'hôpital.
Depuis ce temps tout va très bien. Je me suis remis à la marche dans les premiers jours suivant ma sortie de l'hôpital. J'effectue 6 sorties par semaine beau temps mauvais temps. Je parcours de 50 à 55 km par semaine et ce depuis le 12 juillet 2016, date à laquelle je mesure par GPS mes sorties, j'ai parcouru 7352 km en 879 sorties. Certaines sont effectuées à l'intérieur de centres commerciaux en raison de la canicule. La photo de droite me montre devant l'ICM exactement un an après cette opération durant l'une de mes marches.